Le dialogue social est-il un levier de performance économique ?

Publié le 16/09/2020

La réponse est oui selon une étude de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares, n° 240, septembre 2020). Qu’il soit formel ou informel, tant qu’il se déroule dans un climat sans méfiance.

Le dialogue social est défini par l’organisation internationale de travail (2013) comme incluant « tous types de négociation, de consultation ou simplement d’échange d’informations entre les représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs selon des modalités diverses, sur des questions relatives à la politique économique et sociale présentant un intérêt commun. Les processus de dialogue social peuvent être informels, institutionnalisés ou associés - ce qui est souvent le cas- ces deux caractéristiques ».

 

Il est difficile de démontrer l’effet d’un facteur tel que le dialogue social sur des données économiques concrètes. Les précédentes études, en particulier dans le monde anglo-saxon, se contentent de demander s’il y a ou non présence d’un organisme syndical au sein de l’organisation. Cependant, Cette donnée ne nous informe ni sur la nature du dialogue, ni sur sa qualité. Par conséquent, On observe des liens biaisés, sur ou sous-estimés et contrastés d’une étude à une autre.

 

Afin de dépasser cette limite, l’étude de la Dares a construit un indicateur en exploitant les informations de l’enquête REPONSE 2017. Ainsi, ils ont pu déterminer quatre catégories représentatives des différentes formes de dialogue social en entreprise : « Perception négative des IRP » ; « Formel sans conflits » ; « Informel » ; « Très actif ». Pour faire le lien avec les données économétriques de performance des entreprises, ils se sont basés sur l’étude FARE 2015, qui combine les informations administratives et structurelles, leur permettant de déterminer objectivement la productivité du travail de chaque entreprise. Deux indicateurs ont été retenus de cette dernière : la valeur ajoutée par salarié (ou productivité apparente du travail) qui est une mesure « objective » et l’évolution du volume de l’activité (déclarée par un représentant de la direction) qui est une mesure « subjective ».

 

Grâce à une méthodologie isolant l’effet des variables observées des autres facteurs présents dans les entreprises, leurs résultats ont pu conclure à un effet positif des formes de dialogue social « formel sans conflits » (+ 1,8 %) et « très actif » (+ 2,7 %), caractérisés par une négociation collective soutenue où les salariés sont informés et consultés, sur la productivité objective par rapport au dialogue social avec « perception négative des IRP ». L’effet de la forme « informelle » dépendra de la présence de conflit (- 6,6 %) ou non (+ 0,5 %), par rapport au dialogue social avec « image négative des IRP ». Ce dernier point suggère qu’une négociation collective informelle, mais constructive, est préférable à une négociation formelle réalisée dans un climat de défiance.

 

Il en est de même concernant l’effet du dialogue « formel sans conflit » (+ 2,5 %), « informel » (+ 3,2) et « très actif » (+ 2,2 %) sur l’évolution subjective du volume de l’activité caractérisé par une « croissance forte » par rapport au dialogue avec « perception négative des IRP ». L’effet est encore plus marqué sur l’évolution défini comme « croissant » avec respectivement + 4,5 %, + 5,7 % et + 3,8 %.

 

Nous comprenons donc qu’un dialogue social « constructif » affect systématiquement et positivement la productivité des entreprises. En combinant les indicateurs objectifs et subjectifs, on observe qu’un dialogue social « très actif » est la forme avec le plus d’impact suivi de la forme « formel sans conflits » et donc, qu’une négociation collective efficace doit combiner les consultations formelles avec la consultation informelle des salariés dans un climat de confiance et de reconnaissance.

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