Quand l'optimisation de l'organisation du travail permet de prévenir les pratiques addictives

Publié le 02/03/2021

Un afterwork pour faire connaître la démarche de l’Anact-Aract et d’Addictions France. Le Pôle régional de prévention des pratiques addictives en milieu professionnel a mis en lumière l’origine et la réalisation de son programme, il y a quelques jours en fin d’après-midi à l’hôtel Le Récif, à Saint-Gilles-Les Bains, dans le cadre de la Semaine du réseau.

Plus de vingt personnes ont participé, parmi lesquelles, outre les deux représentants de la mairie de La Possession et de Cyclea, parties prenantes du projet, des consultants. L’événement entrait dans le cadre de la Semaine du réseau Anact-Aract à La Réunion.

Le vice-président de l’Aract Réunion, Yannick Bovalo (FRBTP), a présenté en ouverture un exemple vécu : un salarié qui a perdu son emploi à cause d’une addiction qui l’a empêché d’accomplir correctement les tâches qui lui étaient assignées. Il a rappelé que deux journées de travail du pôle régional ont déjà eu lieu. La troisième est prévue le 15 février. Les objectifs de cette expérimentation : orienter la réflexion sur les situations de travail pouvant devenir des facteurs de risque aux conduites addictives, mais également renforcer le dialogue entre les acteurs afin de prendre des mesures préventives au niveau de l’organisation du travail. C’est une action collective : il s’agit de réfléchir mais aussi d’expérimenter, ensemble. Cette expérimentation est menée en parallèle dans trois régions : Occitanie, Centre-Val de Loire et La Réunion. Dans l’île, cinq entreprises ou collectivités sont embarkées (Ecole des Arts de La Réunion, Cinor, Cycléa, mairie de La Possession, Suez).

Odile Lecocq, directrice régionale d’Addictions France Océan Indien, Corinne Dubois, déléguée régionale de l’Anact, directrice de l’Aract Réunion, Patrick Issartelle, responsable des Grands projets réseau à l’Anact, Alexandra Fontaine, animatrice prévention Nord d’Addiction France Réunion, Laurence Mauxion, chargée de développement Aract Réunion, ont tour à tour pris la parole pour rappeler leurs engagements. Alexandre Lebon, assistant de prévention à la mairie de La Possession, puis Véronique Hoarau, responsable Qualité sécurité environnement à la Société d’économie mixte Cycléa, ont témoigné des espoirs de leurs structures respectives. La prévention des pratiques addictives ne peut être que collective. Les syndicats, la direction, le management ont adhéré à l’initiative. « Ce n’est pas une charge supplémentaire », a-t-elle précisé.

Alexandre Lebon a décrit les avancées à la mairie de La Possession : mise en place d’un intranet et d’une application sur smartphone pour toucher le plus grand nombre de ses quelques mille agents, répartis sur une quarantaine de sites, dispersion qui rend plus délicate la communication. Dans la commune de l’Ouest, les représentants des salariés ont dû au départ être convaincus de l’intérêt du projet. Désormais la collectivité multiplie les formations santé et sécurité au travail, lesquelles sont un bon moyen de sensibilisation. Le safari photo est également un outil pertinent, notamment pour certains travailleurs peu à l’aise à l’écrit ou à l’oral. L’employé est invité à prendre des clichés de situations à risque ou positives. Le safari photo permet à l’agent d’exprimer une créativité et de pointer les problèmes de manière précise.

Selon Patrick Issartelle, « dans cette expérimentation, nous nous focalisons sur la manière dont le travail est percuté par les pratiques addictives ». Selon Alexandra Fontaine, « il y a des comportements de consommation qui naissent du fait de tensions en milieux professionnels. Donc il faut agir sur les leviers contextuels collectifs et individuels. Cela aura des effets positifs sur la vie privée des personnes ayant une pratique addictive. Les services de santé au travail sont sollicités à chaque étape de la démarche.

Corinne Dubois a rappelé l’agenda de l’expérimentation, qui se conclura au milieu de l’année 2021. Le réseau Anact Aract et Addictions France espèrent évidemment sa reconduction sur un périmètre élargi. La directrice de l’Aract Réunion souhaite mettre sur le devant de la scène les entreprises exemplaires sur ce sujet.

 

Photo : Patrick Issartelle, Laurence Mauxion et Alexandra Fontaine